Publié le 2 décembre 2019 à 16h05

Les policiers du service central des Courses et Jeux (SCCJ) s'alarment véritablement de la recrudescence des actes délictueux et des vols sophistiqués perpétrés dans les casinos français et européens, où des équipes de malfaiteurs, habiles et organisés, s'illustrent par leurs arnaques de plus en plus audacieuses.

« C'est un phénomène qui est devenu assez prégnant. Aujourd'hui, nous assistons à une multiplication des équipes criminelles qui se déplacent à travers la France et l'Europe. Ces malfaiteurs sont souvent originaires d'Amérique latine ou de l'Est de l'Europe, et ils n'hésitent pas à multiplier les vols et les actes de tricherie au sein des casinos », a déclaré lundi à l'AFP une source policière du SCCJ, soulignant l'ampleur de ce problème grandissant.

Basé à Nanterre, ce service est spécifiquement chargé de surveiller les établissements de jeux et a récemment démantelé un réseau d'escrocs composé de ressortissants dominicains. Ces derniers ciblaient avec précision la roulette anglaise, un jeu où il revient au joueur de décider de la valeur des jetons de couleur utilisés. Avec l'aide de complices parfaitement rôdés, ces malfaiteurs parvenaient à détourner l'attention des croupiers, subtilisant ainsi des jetons avant de les réintroduire dans le jeu avec une mise bien plus élevée, atteignant jusqu'à 100 euros par jeton.

Quatre suspects ont été interpellés dans le cadre de cette opération, dont le dernier a été arrêté en Espagne le 12 novembre. Mis en examen, ils sont soupçonnés d'avoir frauduleusement empoché environ 300.000 euros. C'est au casino d'Enghien-les-Bains (Val-d'Oise) que ces malfaiteurs avaient commencé à attirer l'attention des autorités. Un second réseau a également été identifié, impliquant des ressortissants géorgiens qui ciblaient la roulette anglaise électronique. Grâce à une petite perceuse, ces escrocs perçaient la coque de la machine de roulette, stoppant la boule à l’aide d’une tige pour garantir leur victoire à chaque fois.

Actes isolés

Un Géorgien, membre de cette « équipe à tiroirs » qui a parcouru la France, le Luxembourg, la Suisse et l'Autriche, a été arrêté à Toulouse le 21 novembre. « Il existe effectivement quelques malfaisants qui tentent de modifier le fonctionnement des roulettes anglaises électriques dans plusieurs casinos en France », observe Jean-François Cot, secrétaire général des Syndicats des Casinos de France, tempérant les inquiétudes en précisant que « ces actions sont relativement isolées, il ne s'agit pas de braquages organisés ».

Enfin, le service des courses et jeux est en train de suivre les traces d'une équipe de Colombiens qui a reproduit une arnaque de la Roumanie au Danemark, en passant par la France et la Suisse. Cette méthode est à la fois simple et retorse : ils insèrent un billet de 500 euros dans certaines machines à sous et récupèrent un ticket à code-barres nécessaire pour le jeu, qu'ils se font ensuite rembourser. L'escroquerie consiste à réaliser cette opération à plusieurs reprises jusqu'à ce que la machine soit remplie de billets, avant de la forcer avec un pied-de-biche. Le butin peut atteindre entre 10.000 et 30.000 euros par machine, ce qui illustre la sophistication et la détermination de ces criminels dans le milieu des jeux d'argent.