Les exploitants de casinos traditionnels se montrent farouchement opposés à cet amendement, car il pourrait les soumettre à une concurrence déloyale sur le marché du jeu. Pourtant, une majorité de Français se sont déjà tournés vers le jeu en ligne et semblent bien enclins à soutenir cette initiative, comme le révèle une étude de l'Association Française des Jeux en Ligne (AFJEL). Réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1010 personnes, l’enquête est sans appel : «Un petit tiers des Français a déjà joué à des jeux de casino en ligne, en particulier des hommes de moins de 35 ans.» Parmi les jeunes adultes, ce chiffre atteint même les 50%, prouvant l'essor fulgurant des plateformes de jeu telles que la roulette en direct, le black jack virtuel et les machines à sous numériques, bien qu'elles restent dans l’illégalité. 

Il est préoccupant de constater que la majorité des utilisateurs ne sont pas conscients des implications légales de leurs actes : 69% des joueurs ignoraient que ces services étaient prohibés. Encore plus alarmant, plus d'une personne sur deux a déjà vu des publicités pour des jeux de casino en ligne sur diverses plateformes, que ce soit sur le web, réseaux sociaux, ou même par des messages privés. Au final, cela signifie que près de 4 millions de Français s'adonnent déjà à ces jeux illégaux. «Le marché clandestin des casinos en ligne connaît une croissance exponentielle et surpasse désormais le marché légal», a déclaré Nicolas Béraud, président de l’AFJEL et directeur général de Betclic.

Réglementer et rassurer

En somme, l'illégalité est-elle encore justifiable dans ce contexte ? 62% des Français sont en faveur d'une régulation légale des jeux de casino en ligne, tandis que 93% estiment qu'il est impératif d'instaurer «une offre en ligne régulée et sécurisée pour les joueurs.» «Actuellement, une majorité de Français penche pour la légalisation de cette pratique», affirme Nicolas Béraud. «Cela offrirait plusieurs avantages : une protection accrue pour les joueurs, une diminution des activités de blanchiment d’argent et des fraudes, ainsi que des recettes fiscales non négligeables pour l'État».

Il reste toutefois à déterminer si cette légalisation attirerait un public nouveau vers ces loisirs à risque. Les résultats de l'étude se révèlent plutôt optimistes : seules 10% des personnes n'ayant jamais joué à un casino en ligne se disent intéressées si cette pratique devenait légale. «Nous ne prévoyons pas une explosion de l'utilisation des services de jeu en ligne, mais plutôt un déplacement des joueurs d'une plateforme illégale vers une plateforme légale», explique Nicolas Béraud. Il tente également de rassurer les opérateurs de casinos physiques : les joueurs en ligne continueront de privilégier le jeu en ligne, sans pour autant nuire à la clientèle des «vrais» casinos. «Dans toutes les nations européennes ayant régulé les casinos en ligne, il n'y a jamais eu d'impact négatif sur les affaires des casinos terrestres, bien au contraire, cela leur a souvent permis de diversifier leurs activités sur internet», conclut Nicolas Béraud.