Près d’1 Français sur 2 est joueur, et la passion pour les jeux d’argent est profondément ancrée dans la culture de notre pays. Le marché des jeux en France a enregistré un chiffre d'affaires impressionnant de 12,9 milliards d’euros en 2022, témoignant de l'engouement généralisé pour le pari et le divertissement. C’est un marché très encadré car le jeu d’argent n’est pas un produit comme les autres ; il nécessite une attention particulière en raison de ses implications sociales et économiques.
Le jeu d'argent et de hasard
Une offre de jeu peut être qualifiée « d’argent et de hasard » lorsque les quatre critères suivants sont réunis :
- Une offre proposée au public, sous quelque dénomination que ce soit, attirant ainsi un large éventail de participants ;
- Une offre faisant naître une espérance de gain, qui peut séduire les joueurs avec l’appât du risque ;
- Cette espérance de gain est due, même partiellement, au hasard, ce qui ajoute un élément d’excitation et de surprise ;
- Un sacrifice financier exigé de la part des participants, rendant le jeu à la fois palpitant et potentiellement dangereux.
Les spécificités du marché
Le jeu d’argent n’est pas un service courant ; il porte en lui des potentialités de dérives graves, comme le surendettement, pour les personnes impliquées (le joueur et son entourage), ce qui est susceptible de générer un coût social important pour les finances publiques. Ainsi, il ne peut donc se développer dans les mêmes conditions qu’un produit ordinaire. La consommation et l’offre de jeu sont encadrées, et le poids de la fiscalité est important pour garantir la sécurité du marché et des joueurs.
- L'encadrement du TRJ
Le taux de retour joueur est encadré pour la plupart des jeux d’argent et de hasard, mais selon des régimes différents. Par exemple, la réglementation impose une proportion maximale (85%) pour les paris sportifs en ligne - ou au contraire minimale, comme c’est le cas pour les machines à sous dans les casinos, dont le taux de retour ne peut pas être inférieur à un taux de 85%.
- Une offre sélective : l’exemple de l’offre de paris sportifs
L’ANJ définit les compétitions ou manifestations sportives ainsi que les types de résultats sur lesquels les opérateurs peuvent proposer des paris. Ainsi, les compétitions les plus risquées (peu médiatisées, à faible enjeu...) et les types de résultats les plus aisément manipulables sont écartés de l’offre de jeu autorisée. Ce dispositif, qui conduit à proposer une offre « sélective » visant à protéger le marché français des paris sportifs des risques de manipulations, n’a pas empêché le secteur des paris sportifs de connaître une forte croissance, attirant de nouveaux joueurs chaque année.
- Le poids de la fiscalité et des prélèvements
Jusqu’en 2019, le secteur des jeux d’argent a fait l’objet d’une fiscalité particulière pour l’essentiel, assise sur les mises, avec toutefois une grande diversité de taux et de types de prélèvements selon les segments de jeu. Pour les paris sportifs notamment, l’assiette sur les mises s’est révélée très anti-économique pour le marché, puisque celle-ci ne prenait pas en compte les sommes reversées par les opérateurs aux joueurs sous forme de gains, ce qui a conduit à des ajustements nécessaires.
La loi Pacte a changé l’assiette en retenant pour la plupart des catégories de jeu le Produit brut des jeux, et cette révision a modifié de manière significative la dynamique de fiscalité appliquée au secteur.
Les différentes bases imposables pour 2022 ont été établies pour refléter la croissance continue et diversifiée du marché.
Les acteurs économiques
Le marché légal réunit 18 opérateurs de jeux en ligne agréés et 2 opérateurs titulaires de droits exclusifs : la Française des jeux (FDJ) et le PMU, qui dominent le paysage des jeux d’argent.
Ces opérateurs, malgré des spécificités en termes d’offre, en termes de profil de joueurs et en termes de volume d’activité, sont rassemblés autour de principes communs, favorisant une cohérence dans le secteur :
- une même politique de contrôle exercée par la même autorité de régulation, garantissant l’intégrité du marché ;
- les mêmes objectifs de la politique de l’Etat en matière de jeux d’argent, qui fondent les obligations des opérateurs pour protéger les joueurs ;
- des politiques commerciales et des campagnes de promotion soumises aux mêmes impératifs de protection des mineurs et de maîtrise des pratiques de jeu, rendant le marché plus responsable ;
- une même commission des sanctions compétente en cas de manquements à leurs obligations, assurant la transparence et la loyauté du marché.
Ce marché assure au joueur un espace protégé qui garantit une offre de jeu intègre et qui propose les dispositifs les plus à même de lui assurer un jeu récréatif et responsable, dans le respect de sa liberté individuelle. Promouvoir une offre garantie propre – sans trucages ni manipulations - et responsable – sans excès ni risque d’addiction - doit devenir un gage d’attractivité pour les joueurs, et donc une condition de pérennité pour le marché légal, qui continue d'évoluer pour mieux répondre aux attentes des citoyens.
Les chiffres du marché
Le marché des jeux en France en 2022
PBJ en millions d'euros |
2021 |
2022 |
Variation 2021/2022 |
---|---|---|---|
FDJ |
6 003 |
6 524 |
+9% |
dont jeux de loteries |
5 037 |
5 551 |
+10,2% |
dont paris sportifs (en dur et en ligne) |
966 |
973 |
+0,7% |
PMU (paris hippiques en dur) |
1 568 |
1721 |
+10% |
Casinos |
1 082 |
2 488 |
+130% |
Clubs de jeux |
37 | 107 |
+189% |
Paris sportifs en ligne |
1 355 |
1 389 |
+2,5% |
Poker en ligne |
429 |
442 | +3% |
Paris hippiques en ligne |
375 | 346 |
-7,7% |
Estimation PBJ total |
env. 10 700 |
en. 12 900 |
+20% |
Profil type : parieur sportif
C'est un homme (environ 89%) de moins de 35 ans (environ 72%) qui parie sur les sports les plus populaires (football, tennis, basketball) et les compétitions les plus médiatiques, cherchant à maximiser ses gains tout en profitant de l'adrénaline des enjeux.
Profil type : parieur hippique
C'est un homme (84%) de plus de 35 ans (74%) qui mise en majorité sur le trot. Il est originaire de territoires à forte culture équine (Normandie / Hauts-de-France), où la passion pour les courses de chevaux est transmise de génération en génération.
Profil type : joueur de poker
C'est un homme (89%) de moins de 35 ans (58%) qui privilégie les tournois au cash game, attiré par le défi stratégique. Ce profil se rapproche de celui du parieur sportif, mais se distingue par le terminal de connexion utilisé (ordinateur) et une approche axée sur le bluff et la psychologie du jeu.
Les femmes et le jeu d'argent
C'est dans les paris hippiques que les femmes sont les plus représentées (environ 18%), montrant une forte participation dans un domaine souvent perçu comme masculin.
11% pour le poker
9% pour les paris sportifs, avec une progression significative dans ce secteur dynamique.