Des hackers ont trouvé la méthode pour pirater des machines à sous dans les casinos. Originaires d'Europe centrale, ils agissent partout en France à l’aide de leurs smartphones.

En effet, ces malfaiteurs ont mis au point une technique sophistiquée leur permettant d'utiliser leurs téléphones pour manipuler les machines à sous et ainsi en tirer profit. Ce phénomène a été observé dans divers établissements de jeux en France, perturbant ainsi l'équilibre du secteur. En 2022, l'affaire du casino d'Enghien-les-Bains a véritablement mis en lumière ces agissements. Un homme, âgé d'une cinquantaine d'années, a été arrêté en plein acte de tricherie, après avoir empoché la coquette somme de 12.000 euros lors d'une unique soirée de jeu. Il a récemment été jugé et la situation a suscité l'inquiétude parmi les autorités chargées de veiller à la régularité des jeux.

Mais comment ces escrocs parviennent-ils à tromper les algorithmes de ces machines? Ils utilisent simplement leur smartphone en combinaison avec des applications spéciales, visant précisément les machines à sous, qui génèrent la majeure partie des bénéfices des casinos. Aujourd’hui, les machines ne sont plus seulement des automates à rouleaux, mais des systèmes complexes régis par des algorithmes surveillés de près par les autorités.

"Une technique comparable au piratage des cartes bancaires"

Selon Matthieu Escande, avocat spécialisé dans les jeux de hasard, il est relativement aisé d'interférer avec les ondes d'une machine à sous pour manipuler son fonctionnement. Il explique que “pour pirater, il suffit d’émettre des ondes plus puissantes que celles de la machine, ce qui revient conséquemment à une méthode très semblable à celle utilisée pour le piratage des cartes bancaires via NFC.” Cette méthode permet ainsi à ces fraudeurs de gagner de manière systématique.

Les machines à sous représentent une proie de choix pour les hackers “car pour décrocher le jackpot, il est nécessaire d’optimiser ses mises”. Par ailleurs, le taux de redistribution des machines à sous, un élément essentiel, est un facteur que les tricheurs exploitent souvent. Les casinos français doivent suivre une réglementation stricte, imposée par le ministère de l'Intérieur, concernant ces taux de redistribution qui déterminent le retour d’argent aux joueurs. Par exemple, un TRJ de 95% signifie qu'un joueur pariant 10.000 euros pourra espérer récupérer 9500 euros.

La fourchette de TRJ pour les machines à sous se situe généralement entre 85% et 95%, ce qui est considérablement meilleur que celui des jeux de grattage de la FDJ, qui ne redistribue en moyenne que 59% des mises.

Une victoire assurée

Lorsqu’un hacker parvient à modifier le TRJ à plus de 100%, il se retrouve dans une situation où il ne peut que gagner, car il n’y a aucune retenue sur sa mise initiale. Matthieu Escande admet que bien que de telles manœuvres soient risquées, elles comportent également des limites. En effet, gagner une somme aussi importante que 12.000 euros en une seule soirée ne passe pas inaperçu aux yeux des opérateurs de casino, ce qui pourrait attirer l'attention de la police des jeux. Un joueur gagnant régulièrement de telles sommes déclenchera forcément les alarmes des autorités. De plus, d'anciens employés de casino, qui sont au fait des rouages internes et des vérifications, peuvent également être une source d’information cruciale pour les fraudeurs.

Selon les enquêtes, une organisation criminelle mystérieuse, issue des pays de l’Est, serait à la tête de ce réseau de fraudeurs. Ces pays sont réputés pour exceller dans le domaine du hacking, ce qui complique la tâche pour les autorités qui tentent de démanteler de tels réseaux. “Les jeux d’argent attirent toujours le crime organisé, des praticiens chevronnés qui connaissent bien les lois et les vulnérabilités du système”, conclut l'avocat, dont l'expertise s'étend même à l'analyse des jeux d'argent en Russie, un sujet brulant et préoccupant pour les autorités.

(source : bfmtv.com/Willem Gay)